Vaccin zona : pourquoi est-il ciblé pour les personnes âgées ?

Un chiffre brut, implacable : plus de 130 000 nouveaux cas de zona chaque année en France, dont la majorité chez les plus de 65 ans. Voilà le point de départ, bien loin des images rassurantes de l’enfance protégée par le carnet de vaccinations. Le vaccin contre le zona reste absent du calendrier pour les enfants et les adolescents. Seuls les seniors et certains adultes fragilisés y accèdent, sur prescription et avec un remboursement par l’Assurance Maladie à partir de 65 ans, ou dès 50 ans pour les profils vulnérables.

Avec l’âge, le risque d’affronter des complications sévères du zona grimpe en flèche, surtout après la soixantaine. Les autorités de santé ont fixé ce seuil sans hasard : le système immunitaire faiblit avec les années, la prévention s’impose alors comme une priorité dans ce groupe d’âge.

Le zona, une maladie qui touche particulièrement les seniors

Le zona, c’est la résurgence du virus varicelle-zona (VZV) contracté lors d’une varicelle, parfois oubliée depuis l’enfance. Le virus, loin d’être éradiqué du corps, se terre dans les cellules nerveuses, prêt à resurgir quand les défenses faiblissent. Ce scénario, fréquent chez les personnes âgées, explique pourquoi les cas augmentent nettement avec l’âge.

L’éruption cutanée n’est que la partie émergée de l’iceberg. Après 60 ans, les suites douloureuses deviennent fréquentes. Les douleurs post-zostériennes (DPZ) persistent parfois durablement : sensation de brûlure, décharges électriques le long d’un nerf, douleurs réfractaires aux traitements, au point de mettre à mal le quotidien. L’insomnie s’installe, l’appétit meurt, l’isolement guette, la détresse psychologique aussi, surtout chez les plus vulnérables.

Les complications du zona, qui guettent tout particulièrement avec l’âge avancé, sont diverses :

  • Surinfection bactérienne
  • Méningite ou encéphalite
  • Atteintes ophtalmiques, auriculaires ou buccales
  • Zona disséminé
  • Complications cardiovasculaires et AVC
  • Pneumonie

Qu’on soit fragilisé par une maladie chronique ou non, le risque grimpe avec les années. Pour limiter les conséquences, la téléassistance peut soutenir les personnes âgées isolées, tandis que les centres antidouleur proposent des solutions pour les DPZ. Mais la vaccination mise avant tout sur la prévention, avec une efficacité réelle chez les plus de 65 ans.

Pourquoi le risque de zona augmente-t-il avec l’âge ?

Tout commence au niveau cellulaire. Le vieillissement du système immunitaire, ou immunosénescence, fait que l’organisme peine à garder sous contrôle certains virus, notamment le virus varicelle-zona. Après la varicelle, ce virus n’est jamais vraiment effacé : il dort dans les ganglions nerveux, prêt à être réactivé si l’immunité baisse. Les lymphocytes T spécifiques deviennent moins efficaces, la vigilance du système immunitaire s’émousse, et le zona frappe.

Le phénomène monte en puissance après 65 ans : plus d’un cas sur deux concerne cette tranche d’âge. Pour les personnes immunodéprimées, la probabilité de voir la maladie s’aggraver est encore plus forte. Leur organisme est moins préparé à contrer le virus et les complications s’accumulent.

Dans ce contexte, focaliser la vaccination sur les seniors prend tout son sens. L’objectif n’est pas seulement d’épargner l’éruption, mais aussi d’alléger les conséquences les plus redoutées : douleurs post-zostériennes, surinfections, risques cardiovasculaires et, d’après plusieurs études récentes, une élévation du risque de démence.

Le vaccin contre le zona : quelles protections et pour qui ?

Depuis peu, la vaccination contre le zona s’appuie sur des outils renouvelés. Longtemps, seul Zostavax, un vaccin vivant atténué, était proposé. En 2024, Shingrix, vaccin recombinant adjuvanté, change la donne : près de 80 % d’efficacité contre le zona, et jusqu’à 88 % contre les douleurs post-zostériennes selon les évaluations officielles.

La Haute Autorité de Santé (HAS) recommande désormais en priorité Shingrix pour les personnes de 65 ans et plus, mais aussi pour les adultes immunodéprimés à partir de 18 ans. Cette orientation s’explique simplement : ces publics sont les plus exposés aux formes sévères, aux douleurs tenaces, aux complications neurologiques et ophtalmiques. Autre atout non négligeable, Shingrix convient même aux personnes au système immunitaire affaibli, ce qui n’était pas possible avec l’ancien vaccin.

Sur le plan du remboursement, l’Assurance Maladie prend en charge 65 % du prix du vaccin. Pratiquement, Shingrix peut être injecté le même jour que les vaccins contre la grippe ou la Covid-19, ce qui simplifie le parcours de nombreux seniors.

Pour faire le point, quelques éléments majeurs sont à retenir :

  • Publics cibles : seniors à partir de 65 ans, et adultes immunodéprimés dès 18 ans
  • Ce que l’on gagne : réduction du nombre de cas de zona, forte diminution des DPZ, baisse du nombre de complications cardiovasculaires et du risque de démence selon les dernières données

La vaccination offre donc une protection étendue, et va bien au-delà de la prévention d’une simple éruption cutanée. Elle aide les plus fragiles à préserver leur qualité de vie, tout en freinant la perte d’autonomie. Le lancement de Shingrix marque une étape saluée par les patients comme par les soignants.

Homme âgé lisant une brochure sur la vaccination contre le zona

Se faire vacciner après 65 ans : un choix qui change la donne

Faire le choix de se faire vacciner contre le zona après 65 ans, c’est anticiper à une période où les risques grandissent, presque naturellement. Les autorités sanitaires l’ont acté, et les données sont sans appel : la vaccination fait baisser de 35 % les nouveaux cas de zona chez les seniors et réduit de plus de la moitié la fréquence des douleurs post-zostériennes. Ces douleurs peuvent devenir une lutte au quotidien, durent parfois des années, minent le moral et le sommeil.

Un exemple frappant peut être observé avec le programme mené au Pays de Galles : en ciblant les personnes autour de 79 ans, la vaccination par Shingrix a permis de faire reculer les formes graves et les complications. Le risque d’accident vasculaire cérébral, de troubles cognitifs, d’incidents cardiovasculaires chute nettement. Des études récentes l’indiquent, chez les plus de 65 ans, le vaccin s’associe à une baisse du risque de démence d’environ 20 %.

On voit donc bien que l’objectif n’est pas seulement d’éviter l’éruption douloureuse. La vaccination agit aussi comme un frein sur les complications neurologiques ou ophtalmiques, trop courantes chez les plus de 65 ans. Deux injections, à deux à six mois d’intervalle, suffisent à installer une protection pérenne, et, pour plus de confort, la démarche peut être couplée dans le même rendez-vous avec d’autres vaccins recommandés à cet âge.

À partir de 65 ans, se faire vacciner contre le zona, ce n’est pas uniquement réduire la probabilité d’avoir mal : c’est choisir de traverser les années avec une douleur en moins et une tranquillité en plus. L’avenir n’est pas écrit, mais la science permet d’en dessiner les contours avec bien plus de clarté.